« Are you here to worship ? Or are you here to watch ? » Linda Lee Hopkins, dans une robe rouge flamboyante, donne le ton dès le début de son concert à l’église St-Sulpice, au soir du 16 mai : vous ne comprendrez pas le gospel si vous n’ouvrez pas votre cœur à Dieu. L’immense autel doré de la majestueuse église sied parfaitement à la diva du genre, née en Caroline du Sud, ancien état esclavagiste des Etats-Unis, là où les negro spirituals ont ensuite donné naissance à un gospel hautement religieux. Sur scène, l’extravagante chanteuse enchaîne compositions personnelles racontant son parcours spirituel et classiques du genre, et laisse même le micro à ses musiciens, dont les voix sont tout aussi remarquables. On se souviendra longtemps de l’interprétation par le bassiste, Al Sanders, du negro spiritual « Joshua Fit the Battle of Jericho », de sa voix chaude et rocailleuse. Les adresses au public sont nombreuses, en français et en anglais : il faut réchauffer un auditoire bien trop timide pour la fièvre du gospel, qui finira tout de même par claquer des doigts et pousser la chansonnette vers la fin. Linda Lee Hopkins, volontairement malicieuse, joue la femme-enfant et menace le public : « Si ça ne vous plaît pas, on se casse ! », partant ensuite dans de grands éclats de rire ponctués de « Lord help me » ou « My goodness ». C’est un véritable show à l’américaine : passant sans transition du rire aux larmes lors d’une composition intitulée « I Know », Hopkins partage ses émotions sans aucune pudeur, envahie par un sentiment divin qui ne semble jamais la quitter.
Festival Jazz à Saint-Germain – Église Saint-Sulpice (Paris) – Captation 7 caméras 4K – Les Films de la Découverte